5 – Les galères et malchances de l’importation de son véhicule.

Pour ceux qui sont curieux du comment qu’on envoie son véhicule à l’autre bout du monde, vous avez du surement déjà lire la partie 1 (ici) où l’on expliquait avec quelle compagnie maritime et comment nous avions fait arriver notre Tortue au port de  Zeebruges.

Cet article est très technique et sans photo… Mais je vous rassure, le prochain est quasiment prêt donc vous aurez bientôt nos nouvelles aventures à vous mettre sous la dent !

Les galères du Carnet de Passage de Douane

Notre camion est donc partir début août en ferry et devait arriver fin septembre à Auckland.

Évidemment le bateau a eu quelques jours de retard mais rien d’étonnant. Par contre, une vingtaine de jour avant l’arrivée du camion, notre contact/aide à l’importation local (que nous appellerons par la suite « Brooker » comme en anglais) nous a gentiment demandé quand allait arriver à son bureau le Carnet de Passage de Douane (CPD)….

Note : Pour ceux qui ne savent pas, le CPD est l’équivalent du passeport du véhicule. C’est un cahier qu’il faut demander à une instance habilité (l’Automobile Club de France par exemple) qui permet à un véhicule de rentrer/sortir de certains pays (tous ne le demandent pas).

Nous avions prévu le coup, nous l’avions bien entendu demandé.
Nous le gardions même précieusement avec nous !
Après une réponse du genre au Brooker du genre « bin, on ne savait pas qu’il fallait vous l’envoyer donc on l’a avec nous… en France », s’ensuit évidement une crise de panique et un envoi des scans par email.

Hélas, il faut l’original. On propose de venir avec, ce qui retardera juste de quelques jours la libération du véhicule puisque nous somme sensés arriver à peu près en même temps. Raté, le Brooker, le veut en avance. On l’envoi donc par La Poste.

Naïf que je suis (Stéphane), je vais au bureau de Poste et explique à la personne derrière le guichet que je dois envoyer cette enveloppe rapidement et de manière fiable à l’autre bout du monde. L’employé me guide vers la borne automatique et aide à sélectionner l’envoi en Lettre Internationale avec Suivi…. En théorie 6 jours de transport…
Ça c’est en théorie et sans lire les petites lignes.
3 jours plus tard, le statut de l’envoi est toujours « déposé à votre bureau de poste »… Je retourne au bureau de poste, l’employé regarde dans son ordinateur : « bin il est parti, mais vous savez ça peut prendre jusqu’à 2 semaines pour arriver. Ce n’était pas la meilleure option comme envoi… »

#MerciLesConseilsDeLaPoste

On calcule les délais potentiels, le CPD devrait arriver en même temps que nous…

On laisse filer le temps (en regardant 2 fois par jours le statut qui ne bouge pas). J’arrive à avoir le service international de La Poste qui me dit que l’enveloppe vient de monter dans l’avion à Paris. Nous sommes le 17 octobre, pour une enveloppe déposée le 11, cela fait 6 jours pour atteindre Paris… Merci La Poste. Et on me dit que l’enveloppe devrait arriver vers le 22. Le jour de notre départ.

On prend l’avion (voir Article précédent…par là), on arrive le 24 octobre… Qui est un jour férié. Le 25 toujours rien. Je rappelle le service international de La Poste, on me dit que tout va bien et qu’au maximum ça peut prendre 2 semaines de transport une fois dans l’avion. Je pense que La Poste utilise des pigeons voyageurs…

On contacte l’Automobile Club de France, il est bien possible de nous faire un autre CPD mais il faudra mettre le premier sur Black-list, 3 jours pour le crée puis l’envoyer via DHL (ce qui peut prendre 8 jours).
On hésite. Si on fait un nouveau CPD et que le premier arrive on va être bloqué et devoir attendre encore.

Le Brooker nous prévient que le gardiennage du camion va engendrer des frais très important s’il reste sur le port et qu’il va donc le faire déplacer dans un autre lieu des douanes.
Sachant que le 25, en se promenant sur le port, nous avons même pu voir notre Tortue sur le port (derrière les grillages). Avec une sangle sur le pare-chocs… Argg, stress, ça veut dire que le camion n’a pas réussi à démarrer pour sortir du bateau.
Est-ce dû à la batterie de démarrage déchargée (qui est pourtant quasi neuve) ? Si oui, il suffira de démarrer sur la batterie de la cellule.
On attend que ça fasse 2 semaines depuis le 17 octobre, puisque le service de La Poste nous a assurer que ça prenais au max 2 semaines une fois dans l’avion…

Toujours rien.

Finalement, l’Automobile Club de France (ACF) accepte de nous faire un deuxième CPD et de ne pas blacklister le premier. Il faudra juste qu’on leur dise dès que l’un des 2 est arrivé pour qu’ils blacklist l’autre. Au passage, un grand merci à JR qui a assuré des appels téléphonique avec l’ACF (merci le décalage horaire).

4 ou 5 jours après, arrive le deuxième CPD ! Un grand merci à l’Automobile Club, ils ont créé le deuxième CPD ultra rapidement et envoyé via DHL qui a été efficace (avec un vrai suivi de chaque étape).

Conclusion : et désolé pour les personnes qui travaillent à La Poste, mais

1) ne pas faire confiance à l’employé derrière le guichet,

2) ne pas faire confiance à leur suivi,

3) ne pas faire confiance en leurs délais (même en lisant les petites lignes qui précisent que ça peut prendre un peu plus de temps),

4) ne pas faire confiance non plus au service postal international.

Pour information, il aura fallu plus d’un mois pour que le premier CPD arrive à Auckland…

Les procédures de l’importation temporaire d’un véhicule

Biosécurité

Pour importer temporairement son véhicule en NZ, il faut passer au travers du contrôle sanitaire « bio-security ». Il faut donc nettoyer son véhicule en amont, puis il sera inspecté par les agents en NZ. Le véhicule doit être exempt de terre, graines, insectes, voir même selon certaines brochures de graisse mécanique pouvant engluer des agents biologiques. En gros, avec un véhicule neuf, c’est facile, avec un véhicule qui a déjà vécu, c’est galère. On explique comment on a fait dans l’article sur le shipping (voir le premier lien dans cet article)

Bonne nouvelle pour nous, le camion est passé sans problème. Merci à Apo qui nous a aidé à nettoyer le camion et à toutes les personnes qui ont donné des conseils sur les méthodes et produits à employer.

Douanes

Ensuite, le véhicule doit passer dans la procédure des douanes, mais ça, c’est le Brooker qui gère. Il est surement faisable de le faire soit même, mais ça semble bien compliqué quand on ne connait pas.

Enregistrement du véhicule et Contrôle Technique

Ensuite, il faut enregistrer le véhicule et lui faire passer le Contrôle Technique (appelé ici, WoF = Warrant of Fitness). On prend des renseignements auprès de l’Automobile Club de NZ, il faut aller à un centre « spécial ».

Le jour où nous récupérons enfin le camion, soit samedi 5 novembre, on passe à ce fameux centre, avec le formulaire MR2C préalablement remplis. Nous sommes tout plein d’espoirs et d’appréhension (il faut que le véhicule obtienne le WoF). La dame derrière le guichet, hésite à faire la procédure ce samedi, elle n’a pas le formulaire (oui, mais nous on l’a), continue d’hésiter, prend notre formulaire, le lit…. Et nous demande le CPD… que nous n’avons pas, puisqu’il est encore aux douanes. On explique que nous venons de récupérer le camion, qu’il est évidemment passé par les douanes (on a même le papier qui le prouve).

Raté, elle veut l’original du CPD… On reviendra pour avoir la « Registration » et passer le WoF.
On repasse le mardi 8 une fois le CPD récupéré, cette fois-ci on nous dit qu’ils ne peuvent pas contrôler notre véhicule car on est trop gros (alors que le samedi, ils avaient justement vérifié qu’ils allaient pouvoir le faire…). On doit aller ailleurs.

On se rend à l’adresse indiquée, on enregistre le véhicule avec une procédure pas vraiment comprise par la personne derrière le guichet qui nous demande si nous voulons aussi passer le WoF… Rhaaa ! visiblement, on aurait pu faire la Registration n’importe où et le WoF aussi. Mais bon, on est dans la file pour passer le Wof, donc on continue et on attend…. Longtemps !

On suit donc les camions et quelques camping-cars qui passent dans un hangar avec une fosse, des personnes qui regardent les véhicules sous toutes les coutures, qui s’attendent les uns les autres… C’est long. Au bout de 2h, c’est à notre tour. Les contrôleurs sont perdus, on n’a pas un numéro de plaque qui rentre dans leur logiciel, ils veulent nous faire passer un CoF (la version Poids Lourd du Contrôle Technique). Finalement, ils contrôlent le véhicule pendant très longtemps. Et nous font avancer. Un des contrôleurs me donne le papier en disant qu’il faut faire des modification/réparations.

Arg ! la liste est assez longue et assez farfelue pour certains points.

Le lendemain, nous passons dans une autre ville (Whangarei) à un garage qui fait aussi WoF pour savoir s’ils peuvent faire les réparations/modifications et ils regardent la liste points par points.

Visiblement, on a des traces de rouilles sous le plancher de la cabine qui doivent être réparées et il y a eu une modification/réparation du plancher qui doit être « certifiée conforme » par quelqu’un. On a toujours pas bien compris le truc, on va repasser au garage pour avoir plus d’information là-dessus.

Il manque des bavettes anti projection pour les pneus arrière. Bon ça, ok, il faut en installer, ce n’est pas compliqué.
Il manque des réfléchisseurs/catadiopres à l’arrière gauche… Le technicien du garage regarde, ne comprend pas.

Il faut changer des caoutchouc/silent-block de la barre de torsion arrière… mouais, encore un truc étonnant.
Il y a aussi un boulon un peu « lâche » à la roue avant gauche. Sachant qu’on vient de changer les pneus, les boulons sont ok. Est-ce le roulement ? Bizarre. Faudra que le mécano contrôle…
Bref, ça devient compliqué, et ça va surement nécessiter un article à lui tout seul !

Mais on a pu voir que le véhicule avec nous dedans pèse 3.6T (sachant qu’il faut rajouter environ 100kg pour l’eau et le gasoil puisqu’on n’était pas plein à ce moment). On est lourd, trop lourd mais le véhicule est à l’origine prévu pour 4.5t, donc on reste dans la plage prévue pour la mécanique.

Les Galères Mécaniques à la récupération de notre Tortue.

Nous avions bien vu que le véhicule sur le port avait une sangle au pare-chocs, et qu’il n’avait donc pas démarré. Après prise d’info, le Brooker nous informe que le démarreur tourne mais que le moteur de ne se lance pas. Donc, rapidement, montée de stress, ce n’est pas batterie. Ça doit être le circuit de gasoil qui s’est désamorcé.
Et en effet, une fois arrivé au garage des douanes, le démarreur tourne, mais le moteur ne se lance pas. Avec la RTA (en gros la notice de comment monter démonter entièrement son véhicule) j’avais pu anticiper et voir comment purger l’air dans le circuit de gasoil.

Je tente, toujours rien. Je démonte au niveau des injecteurs jusqu’à ce que du gasoil arrive. Toujours rien. Je commence à bien stresser #goutteDeSueurSurLaTempe

J’explique à Elise que normalement il suffit de démonter aux injecteurs et que quand il n’y a plus d’air qui arrive c’est bon. Elise, pragmatique regarde et dit « bin oui mais là y a encore des bubulles qui arrivent, donc il suffit d’insister ». Et en effet, on reprend la procédure et hop, ça démarre !


Notre tortue roule !!!

Enfin, jusqu’au moment où l’on essaie de partir du centre de montage de pneu (Oui, on a des nouveaux pneu de la marque MAXXIS mais sera une autre histoire et on fera un article dessus 😉 ). En effet, le camion démarre et après 5m, cale. Impossible à redémarrer. On démonte aux injecteurs, on vire l’air. Toujours rien. Les employés font venir le mécano voisin qui regarde ce qu’on fait. Elise encore une fois pragmatique dit : si ça trouve, il y encore de l’air, faut repurger aux injecteurs. Ce qui venait d’être fait. Mais visiblement, pas assez. Et hop ! Ça redémarre.

Le camion refait le coup en voulant quitter le parking du supermarché… on connait la procédure, il faut bien, bien, bien purger, faut laisser couler le gasoil largement aux injecteurs jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une petite bulle d’air.

On arrive au bivouac (sans la Registration ni le Wof puisque la personne du centre nous a dit qu’il fallait l’original du CPD mais tant pis) #LaChronologieC’EstPourLesNuls. Je regarde d’où peut venir cet air.  Dans le Préfiltre gasoil qui avait été « nettoyé » par le mécano en France il y a une sorte de dépôt au fond qui fait un peu algue et des bulles en monte. J’essaie de le purger pour faire partir ce dépôt. Il se décolle mais ne part pas. Des bulles continuent à apparaitre mais en serrant à fond la vis de purge au fond du bocal, ça s’arrête !

Nous avons localisé le problème, maintenant, il faudra surement faire un vrai nettoyage du préfiltre, peut-être changer ses joints mais ça semble fonctionner ! Et en effet, après 3 jours d’utilisation, le camion démarre au poil !

Et voilà, au jour du 14 novembre, le camion roule bien, nous n’avons toujours pas validé le WoF mais nous avons plusieurs pistes pour le faire :

a) faire toutes les modifications demandées et aller faire une contre visite dans un centre de la marque qui nous a fait le premier (et donc avec des gens nuls),

b) faire toutes les modifications et faire un nouveau WoF ailleurs qui devra suivre les recommandations du premiers (puisque les infos sont enregistrées informatiquement parait-il,

c) attendre la fin de la période de la contre-visite afin que les informations sur notre refus disparaissent et repasser un WoF dans un centre qui ne soit pas tatillon et qui connaisse l’état des véhicules qui roulent réellement sur les routes de Nouvelle-Zélande

Posted on: 17 novembre 2022, by :

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